Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/98

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menée jusque-là, les joies de la pauvre mansarde, les parfums de l’humble giroflée en fleurs sur la fenêtre du cinquième étage, lui adressaient un reproche sous forme de dernier adieu ! Mais à quoi bon plaider une cause, même bonne, devant un juge prévenu ; le sentiment légitime du devoir accompli, peut-il avoir une éloquence persuasive lorsque s’ouvre, devant des yeux de seize ans, un horizon infini de plaisirs, de jouissance et de luxe ; à quelles transactions malhonnêtes ne conduit pas la perspective de robes de soie, de plumes ondoyantes, de bijoux étincelants et d’un mobilier de palissandre ?

L’hésitation n’était guère possible.

Plaignons seulement Titi de n’avoir pas eu même une pensée pour la pauvre Bise ! C’était bien la peine de s’être dévouée, sacrifiée pour cette malheureuse enfant ! Dans ce qu’elle quittait, elle ne voyait que son père ivre sept fois par semaine, et sa mère battue trois cent soixante fois par an. Quant à son frère, soumis au régiment à un rude apprentissage, au courageux forgeron dont elle avait cependant deviné l’amour ardent et discret, elle se gardait bien d’y penser, cela l’eût peut-être