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de faire un mandement à ce sujet. En 1655, le chantre, M. Le Masle rend une sentence qui fortifie la prohibition de peines très-sévères. En 1666, le chantre M. Ameline renouvelle la défense ; et, en même temps, l’archevêque, Mgr Péréfixe, publie un nouveau mandement. L’interdiction n’est levée que dans les campagnes, où il n’y a pas assez d’enfants pour établir une école de chaque sexe. Le même maître peut alors recevoir les filles et les garçons, mais à des heures différentes.

Le chantre nommait les maîtres et les maîtresses à la tenue des écoles. Il le faisait à la Nativité de saint Jean-Baptiste, ou au surlendemain de Noël, et pour un an seulement. Pour obtenir une permission, les maîtres n’avaient, à l’origine du moins, rien à payer ni à promettre. Il leur était défendu de se faire donner de l’argent pour procurer une école à un autre ni de stipuler à cet égard aucun marché. Celui qui voulait prendre un sous-maître devait d’abord le présenter au chantre et le faire accepter par lui.

La direction des écoles ne constituait ni des commissions ni des offices ; ce que l’on appellerait aujourd’hui des fonctions publiques ou des charges. Les lettres de maîtrises étaient toujours révocables et ne conféraient sur les écoles établies ni droit de propriété, ni droit de désignation du successeur. Chaque année, au jour de la Nativité de saint Jean-Baptiste, les maîtres et les maîtresses rapportaient leurs lettres qui étaient renouvelées si, durant l’année, aucun abus ne s’était glissé dans leur école et que leur enseignement n’eût donné lieu à aucune plainte. Le chantre procédait comme procède aujourd’hui le ministre qui nomme ou destitue à son gré les instituteurs. Il y avait seulement cette différence qu’un sentiment très-paternel animait cette administration ; et que tout ce qui rappelle la bureaucratie d’aujourd’hui y faisait complétement défaut.

Des individus qui n’offraient aucune garantie cherchaient à échapper à la juridiction du chantre et à ouvrir des écoles soustraites à toute surveillance. Ils s’établissaient de préférence dans des lieux écartés, afin d’être moins facilement découverts, d’où leurs maisons portaient le nom d’écoles buissonnières. On comprend tout ce que cet enseignement clandestin offrait de danger sous le rapport de la foi, de la science ou des mœurs. Dès cette époque, les charlatans ne se faisaient pas faute d’attirer le public par de pompeuses promesses. Celui-ci se flattait d’enseigner en trois mois le grec et le latin dont il ne savait pas le premier mot. Cet autre distribuait des prospectus et