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Histoire philosophique

atroces, l’homme ſage, avant que de blâmer, pèſera les circonſtances, qui ne permettent ſouvent au légiſlateur de donner à un peuple que les meilleures loix qu’il peut recevoir. Il conclura, ſans héſiter, de la régularité compliquée de la grammaire ſamſkrète, de l’antiquité de cette langue commune autrefois, & depuis ſi long-tems ignorée, & de la confection d’un code auſſi étendu que celui des Indiens, que dans l’Inde, il s’eſt écoulé un grand nombre de ſiècles entre l’état de barbarie & l’état policé ; & que les prêtres ſe ſont rendus coupables envers leurs compatriotes & les étrangers, par un ſecret myſtérieux, qui retardoit de toutes parts les progrès de la civiliſation.

Le ſceau qui fermoit la bouche au brame eſt rompu ; & il eſt à préſumer qu’un avenir qui n’eſt pas éloigné, nous révélera ce qui reſte à ſavoir de la religion & de la juriſprudence anciennes des Indiens. En attendant, voyons quel eſt leur état actuel, & ſuppléons à quelques traits qui manquent au tableau de leur police & de leurs dogmes. Les bramines, qui ſeuls entendent la langue du livre ſacré, font de ſon texte l’uſage qu’on