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Histoire philosophique
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on a tellement réglé les actions de l’homme, qu’on n’y a preſque pas beſoin de ſes ſentimens : cependant on inſpire les uns pour donner du prix aux autres.

L’eſprit patriotique, cet eſprit ſans lequel les états ſont des peuplades, & non pas des nations, eſt plus fort, plus actif à la Chine, qu’il ne l’eſt peut-être dans aucune république. C’eſt une choſe commune que de voir des Chinois réparer les grands chemins par un travail volontaire, des hommes riches y bâtir des abris pour les voyageurs ; d’autres y planter des arbres. Ces actions publiques qui reſſentent plutôt l’humanité bienfaiſante, que l’oſtentation de la généroſité, ne ſont pas rares à la Chine.

Il y a des tems où elles ont été communes, d’autres tems où elles l’ont été moins ; mais la corruption amenoit une révolution, & les mœurs ſe réparoient. La dernière invaſion des Tartares les avoit changées : elles s’épurent à meſure que les princes de cette nation conquérante quittent les ſuperſtitions de leur pays, pour adopter l’eſprit du peuple conquis, & qu’ils ſont inſtruits par les livres que les Chinois appellent canoniques.