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des deux Indes.
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n’entend que trop ſouvent parmi nous : À quoi cela ſert-il ? Je demande ſi ce repos, contraire au penchant naturel de l’homme, qui veut toujours voir au-delà de ce qu’il a vu, peut s’expliquer autrement que par une population qui interdiſe l’oiſiveté, l’eſprit de méditation, & qui tienne la nation ſoucieuſe, continuellement occupée de ſes beſoins. La Chine eſt donc la contrée de la terre la plus peuplée.

Cela ſupposé, ne s’enſuit-il pas qu’elle eſt la plus corrompue ? L’expérience générale ne nous apprend-elle pas que les vices des ſociétés ſont en proportion du nombre des individus qui la compoſent ? Et que me repliqueroit-on ſi j’aſſurois que les mœurs Chinoiſes doivent-être, dans toute l’étendue de l’empire, plus mauvaiſes encore que dans nos plus ſuperbes cités, où l’honneur, ſentiment étranger au Chinois, donne de l’éclat aux vertus & tempère les vices ?

Ne puis-je pas demander quel eſt & quel doit être le caractère d’un peuple où l’on voit, dans des occaſions aſſez fréquentes, une province fondre ſur une autre province, & en égorger impitoyablement, impunément