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des deux Indes.
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bles c’eſt un fait… Et c’en eſt peut-être un encore qu’ils n’ont point de pauvres parens à protéger, point de flatteurs à combler de grâces, point de mignons ou de maîtreſſes à enrichir : également ſupérieurs à la séduction & à l’erreur. Mais ce qui eſt très-inconteſtable, c’eſt que les magiſtrats ou chefs de la juſtice promènent eux-mêmes, ſans pudeur, les marques de leur dégradation & de leur ignominie. Or, qu’eſt-ce qu’un magiſtrat portant ſa bannière ou l’enſeigne de ſon aviliſſement, ſans en être moins fier ? Qu’eſt-ce qu’un peuple chez lequel ce magiſtrat n’eſt pas moins honoré ?

5°. Après le ſouverain & le mandarin ſe préſente le lettré ; & qu’eſt-ce que le lettré ? C’eſt un homme élevé dans une doctrine qui inſpire l’humanité ; qui la prêche ; qui prêche l’amour de l’ordre, la bienfaiſance, le reſpect pour les loix ; qui répand ces ſentimens dans le peuple, & lui en montre l’utilité…… Et n’avons-nous pas dans nos écoles, dans nos chaires, parmi nos eccléſiaſtiques, nos magiſtrats & nos philoſophes, des hommes qui ne le cèdent, je crois, aux lettrés, ni en lumières,