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des deux Indes.

Le brave Ataïde deſcendit au-deſſous de ſon caractère, en corrompant la maîtreſſe d’Idalcan. Celle-ci reſta dans le ſien, en trahiſſant ſon amant. Comment celle qui a vendu publiquement ſon honneur à ſon ſouverain, balanceroit-elle de vendre l’honneur de ſon ſouverain, à celui qui ſaura mettre un prix proportionné à ſa perfidie ? Si une femme étoit capable d’inſpirer de grandes choſes à ſon roi, elle auroit aſſez d’élévation dans l’âme pour dédaigner de devenir ſa courtiſane ; & lorſqu’elle ſe réſoudra à accepter ce titre aviliſſant, lorſque peut-être elle ſera aſſez lâche pour s’en tenir honorée, que peut en attendre la nation ? La corruption des mœurs de ſon amant, la corruption des mœurs de ſes favoris ; la déprédation du fiſc ; l’élévation des hommes les plus ineptes & les plus infâmes aux places les plus importantes ; la honte du long règne. Souverains, un homme de mœurs auſtères vous interdiroit toute liaiſon illicite : mais ſi vos pénibles fonctions ſollicitent notre indulgence, du moins que votre vice ſoit couvert par de grandes vertus. Ayez une maitreſſe, s’il faut que vous en ayez