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des deux Indes.
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troupeau pour chaque village & qu’il eſt commun à tous, chacun eſt chargé de le garder à ſon tour. Cette fonction doit être accompagnée d’une vigilance continuelle, parce que le pays eſt rempli de bêtes féroces & voraces. Chaque jour le berger envoie à la découverte. Si un léopard, ſi un tigre ſe ſont montrés dans le voiſinage, la bourgade entière prend les armes. On vole à l’ennemi ; & il eſt bien rare qu’il échappe à une multitude de flèches empoiſonnée ou à des pieux aiguisés & durcis au feu.

Les Hottentots n’ayant ni richeſſes, ni ſignes de richeſſes, & leurs moutons qui font tout leur bien, étant en commun, il doit y avoir parmi eux peu de ſujets de diviſion. Auſſi ſont-ils unis entre eux par les liens d’une concorde inaltérable. Jamais même ils n’auraient de guerre avec leurs voiſins, ſans les querelles que le bétail égaré ou enlevé occaſionne entre les bergers.

Ils ſont, comme tous les peuples paſteurs, remplis de bienveillance ; & ils tiennent quelque choſe de la malpropreté, de la ſtupidité des animaux qu’ils conduiſent. Ils ont inſtitué un ordre dont on honore ceux qui ont vaincu