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des deux Indes.
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même ſur une pratique ruineuſe en commerce. Elle avoit pris l’habitude de porter toutes les marchandiſes de l’Inde & d’Europe à Batavia, d’où on les verſoit dans les différens comptoirs, où la vente en étoit avantageuſe. Cet uſage occaſionnoit des frais & une perte de tems, dont l’énormité des bénéfices avoit dérobé les inconvéniens. Lorſque les autres nations ſe livrèrent à une navigation directe, il devenoit indiſpenſable d’abandonner un ſyſtême, mauvais en lui-même, inſoutenable par les circonſtances. L’empire de la coutume prévalut encore ; & la crainte que ſes employés n’abusâſſent d’un changement, empêcha, dit-on, la compagnie d’adopter une méthode dont tout lui démontroit la néceſſité. Ce motif ne fut vraiſemblablement qu’un prétexte, qui ſervoit de voile à des intérêts particuliers. L’infidélité des commis étoit plus que tolérée. Les premiers avoient eu la plupart une conduite exacte. Ils étoient dirigés par des amiraux qui parcouraient tous les comptoirs, qui avoient un pouvoir abſolu dans l’Inde, & qui, à la fin de chaque voyage, rendoient compte en Europe de leur adminiſtration. Dès que le gouvernement eut été