Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/110

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héréditaire ? Selon toutes les probabilités, ne faut-il pas qu’inſenſiblement, ſans effuſion de ſang, ſans violence, les Provinces-Unies tombent ſous la monarchie ? Comme le déſir de n’être contrarié dans aucune de ſes volontés, ou le deſpotiſme, eſt au fond de toutes les âmes plus eu moins exalté, il naîtra, & peut-être bientôt, quelque ſtadhouder, qui, ſans calculer les ſuites funeſtes de ſon entrepriſe, jettera la nation dans les chaînes. C’eſt aux Hollandois à peſer ces obſervations.

L’empire Romain crouloit de toutes parts, lorſque les Germains entrèrent dans les Gaules ſous la direction d’un chef de leur choix, dont ils étoient moins les ſujets que les compagnons. Ce n’étoit pas une armée qui bornât ſon ambition à s’emparer de quelques places fortes ; ce fut l’irruption d’un peuple qui cherchoit des établiſſemens. Comme on n’attaquoit que des eſclaves mécontens de leur ſort, que des maîtres amollis par les délices d’une longue paix, la réſiſtance ne fut pas opiniâtre. Les conquérans s’approprièrent les terres qui leur convenoient, & ſe séparèrent peu de tems après pour jouir doucement de leur fortune.