Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/115

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Le caractère national, qui a toujours influé dans l’eſprit des princes & des cours, ne fût-ce que par les femmes, a formé comme un balancement de puiſſance, qui, tempérant par les mœurs l’action de la force & la réaction des volontés, a prévenu ces éclats, ces violences, d’où réſulte ou la tyrannie monarchique, ou la liberté populaire.

L’inconséquence naturelle à l’eſprit d’une nation gaie & vive comme les enfans, a heureuſement prévalu ſur les ſyſtêmes de quelques miniſtres deſpotes. Les rois ont trop aimé les plaiſirs, & en ont trop bien connu la ſource, pour ne pas dépoſer ſouvent ce ſceptre de fer qui auroit effrayé la ſociété, & diſſipé les frivoles amuſemens dont ils étoient idolâtres. L’intrigue qui les a toujours aſſiégés depuis qu’ils ont appelé les grands à la cour, n’a point ceſſé de renverſer les gens en place avec leurs projets. Comme le gouvernement s’eſt altéré d’une manière inſenſible, les ſujets ont conſervé une ſorte de dignité dans laquelle le monarque même ſembloit reſpecter la ſource ou l’effet de la ſienne propre. Il s’eſt trouvé longtems le ſuprême légiſlateur, ſans vouloir ou