Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/14

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abattroient le courage, s’il n’étoit irrité par le péril, & qui l’étonnent quand le péril eſt paſſé. Après une bataille gagnée ou perdue, un militaire diſoit, à l’aſpect d’une montagne, qu’il avoit gravie pour aller à l’ennemi : qui eût jamais fait cela, s’il n’y avoit pas eu un coup de fuſil à recevoir ? J’étois ſans doute animé de ce ſentiment, lorſque je commençai ; & il faut bien qu’il m’anime encore, puiſque je continue.

D’abord nous avons montré l’état de l’Europe avant la découverte des deux Indes.

Puis nous avons ſuivi la marche incertaine, tyrannique & ſanglante des établiſſemens formés dans ces contrées lointaines.

Il nous reſte à développer l’influence des liaiſons du Nouveau-Monde ſur les opinions, les gouvernemens, l’induſtrie, les arts, les mœurs, le bonheur de l’ancien. Commençons par la religion.

I. Religion.

Si l’homme avoit joui ſans interruption d’une félicité pure ; ſi la terre avoit ſatisfait d’elle-même à toute la variété de ſes beſoins, on doit préſumer que l’admiration & la reconnoiſſance n’auroient tourné que très-tard vers les dieux les regards de cet être natu-