Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/147

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pied du sépulcre de leur dieu & proche de la tente de leur roi. Mais il eſt impoſſible de ſuffire à ces expéditions & aux ſuivantes ſans finance. On lève un impôt ; & de-là naît la prétention du pape ſur tous les biens de l’égliſe ; l’inſtitution d’une multitude d’ordres militaires ; l’alternative pour les vaincus de l’eſclavage ou du chriſtianiſme, de la mort ou du baptême ; & pour conſoler le lecteur de tant de maux, l’accroiſſement de la navigation & du commerce qui enrichirent Veniſe, Gênes, Piſe, Florence ; la décadence du gouvernement féodal par le dérangement de la fortune des ſeigneurs, & l’habitude de la mer qui peut-être prépara de loin la découverte du Nouveau-Monde. Mais je n’ai pas le courage de ſuivre plus loin la peinture des déſordres & l’accroiſſement exorbitant de l’autorité papale. Sous Innocent III il n’y a plus qu’un tribunal au monde : il eſt à Rome. Il n’y a plus qu’un maître : il eſt à Rome, d’où il règne ſur l’Europe par ſes légats. L’hiérarchie eccléſiaſtique s’étend d’un degré par la création des cardinaux. Il ne manquoit plus au deſpote que des janiſſaires : il en eut par la création d’une multitude d’ordres