Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tellement ingrat. Mais un ſol ſtérile ne répondit pas toujours à ſes travaux. Les torrens ravagèrent les champs qu’il avoit cultivés. Un ciel ardent brûla les moiſſons. Il éprouva la diſette, il connut les maladies, & il rechercha les cauſes de ſa misère.

Pour expliquer l’énigme de ſon exiſtence, de ſon bonheur & de ſon malheur, il inventa différens ſyſtêmes également abſurdes. Il peupla l’univers d’intelligences bonnes & malfaiſantes ; & telle fut l’origine du polythéiſme, la plus ancienne & la plus générale des religions. Du polythéiſme naquit le manichéiſme, dont les veſtiges dureront à jamais, quels que ſoient les progrès de la raiſon. Le manichéiſme ſimplifié engendra le déiſme ; & au milieu de ces opinions diverſes, il s’éleva une claſſe d’hommes médiateurs entre le ciel & la terre.

Ce fut alors que les régions ſe couvrirent d’autels ; qu’on entendit ici l’hymne de la joie, là le gémiſſement de la douleur ; & qu’on eut recours à la prière, aux ſacrifices les deux moyens naturels d’obtenir la faveur & de calmer le reſſentiment. On offrit la gerbe ; on immola l’agneau, la chèvre, le