Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/167

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qui pourroient en quelque ſorte la remplacer, ſont regardées comme des préjugés antiques, comme des uſages ridicules. Le découragement au-dedans, l’opprobre au-dehors : voilà ce qui reſte à une nation autrefois puiſſante & reſpectée.

Un bon gouvernement peut quelquefois faire des mécontens : mais quand on fait beaucoup de malheureux ſans aucune ſorte de proſpérité publique, c’eſt alors que le gouvernement eſt vicieux de ſa nature.

Le genre-humain eſt ce qu’on veut qu’il ſoit ; c’eſt la manière dont on le gouverne, qui le décide au bien ou au mal.

Un état ne doit avoir qu’un objet ; & cet objet eſt la félicité publique. Chaque état a ſa manière d’aller à ce but ; & cette manière eſt ſon eſprit, ſon principe auquel tout eſt ſubordonné.

Un peuple ne ſauroit avoir d’induſtrie pour les arts, ni de courage pour la guerre, ſans confiance & ſans amour pour le gouvernement. Mais dès que la crainte a rompu tous les autres reſſorts de l’âme, une nation n’eſt plus rien, un prince eſt exposé à mille entrepriſes au-dehors, à mille dangers au--