Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/19

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le pouvoir du clergé naquit-il, pour ainſi dire, dans le berceau de l’évangile.

Du débris des ſuperſtitions païennes & des ſectes philoſophiques, il ſe forma un corps de rites & de dogmes que la ſimplicité des premiers chrétiens ſanctifia par une piété vraie & touchante : mais qui laiſſèrent en même-tems un germe de diſputes & de débats, d’où ſortit cette complication de paſſions qu’on voile & qu’on honore ſous le nom de zèle. Ces diſſenſions enfantèrent des écoles, des docteurs, un tribunal, une hiérarchie. Le chriſtianiſme avoit commencé par des pêcheurs qui ne ſavoient que l’évangile ; il fut achevé par des évêques qui formèrent l’égliſe. Alors il gagna de proche en proche, & parvint juſqu’à l’oreille des empereurs. Les uns le tolérèrent par mépris, par crainte, par intérêt ou par humanité ; les autres le persécutèrent. La persécution hâta les progrès que la tolérance lui avoit ouverts. Le ſilence & la proſcription, la clémence & la rigueur ; tout lui devint utile. La liberté naturelle à l’eſprit humain, le fit adopter à ſa naiſſance, comme elle l’a fait ſouvent rejeter dans ſa vieilleſſe. Cette indépen-