Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/21

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richeſſes & d’autorité, tant de moyens de les accroître de plus en plus, que cet aveugle abandon fut ſuivi d’un deſpotiſme eccléſiaſtique tout-à-fait nouveau.

Une ignorance profonde étoit le plus sûr appui de cet aſcendant ſur les eſprits. Les pontifes de Rome répandirent ces ténèbres en déclarant la guerre à tout eſpèce d’érudition païenne. S’il ſe fit de tems en tems quelques efforts pour diſſiper cette obſcurité, ils furent étouffés par les ſupplices.

Tandis que les papes déſabusèrent les eſprits de leur autorité par l’abus même qu’ils en faiſoient, la lumière vint d’Orient en Occident. Dès que les chefs-d’œuvre de l’antiquité eurent ramené le goût des bonnes études, la raiſon recouvra quelques-uns des droits qu’elle avoit perdus. L’hiſtoire de l’égliſe fut approfondie, & l’on y découvrit les faux titres de la cour de Rome. Une partie de l’Europe en ſecoua le joug. Un moine lui fit perdre preſque toute l’Allemagne, preſque tout le Nord ; un chanoine quelques provinces de France ; & un roi pour une femme, l’Angleterre entière. Si d’autres ſouverains maintinrent avec fermeté