Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/214

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de ſe faire entendre, & leurs mœurs ſeront moins diſſolues, moins contagieuſes ; les forces pour ſupporter les fatigues de leur profeſſion ne leur manqueront plus, & leur ſanté ſera rarement altérée ; on ne les verra plus conſumés par la faim, par l’ennui & par le chagrin ; la déſertion & les querelles ceſſeront d’être communes parmi eux ; après le tems de leur ſervice, ils pourront être encore utiles à la ſociété. Pour une modique augmentation de ſolde, ils feront gaiement les chemins par leſquels ils doivent marcher ; ils aplaniront les montagnes qu’ils doivent gravir ; ils fortifieront les villes qu’ils doivent défendre ; ils creuſeront les canaux qui doivent porter leurs ſubſiſtances ; ils perfectionneront les ports dans leſquels ils doivent s’embarquer ; ils délivreront le peuple de la plus cruelle, de la plus ignominieuſe des vexations, la corvée. Après avoir expié dans des travaux utiles le malheur d’être dévoués par état à déſoler la terre, à en maſſacrer les habitans, peut-être ceſſeront-ils d’être déteſtés ; peut-être parviendront-ils un jour à l’honneur d’être comptés parmi les citoyens.