Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/215

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Les Romains avoient ſaiſi ces vérités, & en avoient fait la baſe de leur conduite. Comment eſt-il arrivé que nous autrefois les eſclaves, & aujourd’hui les diſciples de ces maîtres du monde, nous nous ſoyons ſi fort écartés ſur ce point important de leurs principes ? C’eſt que l’Europe a cru, c’eſt que l’Europe croit encore que des mains deſtinées à manier des armes, à cueillir des lauriers, ſeroient avilies par des inſtrumens uniquement maniés par les dernières claſſes du peuple. Juſques à quand cet abſurde préjugé formé dans des tems barbares ſubſiſtera-t-il ? Juſques à quand ſerons-nous au douzième ſiècle ?

Troiſième inconvénient : augmentation de ſoldats, diminution de courage. Peu d’hommes naiſſent propres à la guerre. Si l’on en excepte Lacédémone & Rome, où des citoyens, des femmes libres enfantoient des ſoldats ; où les enfans s’endormoient & s’éveilloient au bruit des fanfares & des chanſons guerrières ; où l’éducation dénaturoit les hommes, faiſoit d’eux des êtres d’une nouvelle eſpèce : tous les peuples n’ont jamais eu qu’un petit nombre de braves. Auſſi, moins