Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/216

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on en lève, plus ils valent. Autrefois chez nos pères, moins policés & plus forts que nous ; les armées étoient beaucoup moins nombreuſes que les nôtres ; & les guerres plus déciſives. Il falloit être noble ou riche pour faire le ſervice militaire. C’étoit un droit, un honneur, que de prendre les armes. On ne voyoit ſous les drapeaux que des volontaires. Les engagemens finiſſoient avec la campagne. Un homme qui n’auroit pas aimé la guerre, pouvoit s’en retirer. D’ailleurs, il y avoit plus de cette chaleur de ſang & de cette fierté de ſentimens, qui fait le vrai courage. Aujourd’hui, quelle gloire de ſervir des deſpotes qui meſurent les hommes à la toiſe, les priſent par leur paie, les enrôlent par force ou par ſubtilité, les retiennent, les congédient comme ils les ont pris, ſans leur conſentement ! Quel honneur d’aſpirer au commandement des armées, ſous la maligne influence des cours, où l’on donne & l’on ôte tout pour rien ; où l’on élève & l’on dégrade par caprice des hommes ſans mérite & ſans crime ; où l’on confie le miniſtère de la guerre à un protégé, qui ne s’eſt diſtingué dans aucune