Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/217

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occaſion, & à qui l’art n’eſt connu ni par la pratique ni par la méditation ; où une favorite trace, avec des mouches, ſur une carte étendue ſur ſa toilette, la marche que ſuivront les armées ; où pour livrer une bataille, il faut envoyer ſolliciter la permiſſion de la cour, délai funeſte pendant lequel l’ennemi a changé de poſition, & le moment de la victoire s’eſt perdu ; où, à l’inſu du prince, on a quelquefois ordonné à un général, ſous peine de diſgrâce, de ſe laiſſer battre ; où la jalouſie, la haine, mille autres motifs déteſtables font échouer les eſpérances d’une campagne heureuſe ; où, par négligence ou par foibleſſe, on laiſſe manquer les camps de vivres, de fourrages & de munitions ; où celui qui doit obéir, s’arrêter ou marcher, exécuter des mouvemens combinés, trahit ſon chef & brave la diſcipline, ſans compromettre ſa tête ? Auſſi, hormis les empires naiſſans & les momens de criſe, plus il y a de ſoldats dans un état, plus la nation s’affoiblit ; & plus un état s’affoiblit, plus on multiplie les ſoldats.

Quatrième inconvénient : la multiplication