Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/260

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le commerce est une science, qui demande encore plus la connoissance des hommes que des choses. Sa difficulté vient moins de la multiplicité des affaires que de l’avidité de ceux qui les conduisent. Il faut donc traiter avec eux, en apparence, comme si l’on étoit assuré de leur bonne-foi, & prendre cependant des précautions comme s’ils étoient dénués de tous les principes.

Presque tous les hommes sont honnêtes hors de leur état : mais il n’y en a que peu qui, dans l’exercice de leur profession, se conforment aux règles d’une probité scrupuleuse. Ce vice qui règne, depuis la première jusqu’à la dernière des conditions, naît du grand nombre des malversations introduites par le tems, excusées par l’usage. L’intérêt personnel & l’habitude générale en dérobent le crime & la bassesse. Je fais, dit-on, comme font les autres  ; & l’on se plie à des actions contre lesquelles la conscience cesse bientôt de réclamer.

Ces espèces de tromperies n’ont aucun inconvénient aux yeux de ceux qui se les permettent. Communes à toutes les professions, ne s’expient-elles pas les unes par les autres ?