Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/270

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il faudroit s’en prendre à l’autorité publique ; Par-tout le fiſc avide & rampant encourage à des injuſtices particulières, par les injuſtices générales qu’on lui voit commettre. Il opprime le commerce par les impôts ſans nombre dont il le ſurcharge. Il dégrade les négocians par les ſoupçons injurieux qu’il ne ceſſe de jeter ſur leur probité. Il rend, en quelque ſorte, la fraude néceſſaire, par la funeſte invention des monopoles.

Qu’eſt-ce donc que le monopole ? C’eſt le privilège excluſif d’un citoyen ſur tout autre de vendre ou d’acheter. À cette définition, tout homme ſensé s’arrête & dit : Entre des citoyens, tous égaux, tous ſervant la ſociété, tous contribuant à ſes charges à proportion de leurs moyens, comment un d’entre eux peut-il avoir un droit dont un autre ſoit légitimement privé ? Quelle eſt donc cette choſe ſi ſacrée par ſa nature, qu’un homme, quel qu’il ſoit, ne puiſſe l’acquérir ſi elle lui manque, ou s’en défaire ſi elle lui appartient ?

Si quelqu’un pouvoit prétendre à ce privilège, ce ſeroit ſans doute le ſouverain.

Cependant il ne le peut pas : car il n’eſt