Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/272

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ni par conséquent ou l’eſpoir de vaincre, ou la réſolution de périr : c’eſt qu’ils verroient pour eux un danger éminent dans une tentative infructueuſe, & qu’ils ne verroient dans le ſuccès que l’avantage de leurs deſcendans, qu’ils aiment moins qu’eux… Cependant il eſt arrivé quelquefois… Oui, par l’enthouſiaſme du fanatiſme…

Mais en quelque contrée que le monopole ait eu lieu, qu’y a-t-il produit ? Ce qu’il y a produit ? la dévaſtation. Les privilèges excluſifs ont ruiné l’ancien & le Nouveau-Monde. Aucune colonie naiſſante dans l’autre hémiſphère dont ils n’aient prolongé la foibleſſe ou qu’ils n’aient étouffée au berceau. Sous le nôtre, aucune contrée floriſſante dont ils n’aient détruit la ſplendeur ; aucune entrepriſe quelque brillante qu’elle fût, qu’ils n’aient détériorée ; aucune circonſtance plus ou moins flatteuſe, qu’ils n’aient tournée au détriment général.

Mais par quelle fatalité tout cela eſt-il arrivé ? Ce n’étoit point une fatalité, c’étoit une néceſſité. Cela s’eſt fait, parce qu’il falloit que cela ſe fît. Et pourquoi ? C’eſt qu’un poſſeſſeur privilégié, quelque puiſſant