Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/288

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ſien qu’aux dépens du leur. Cette perſuaſion leur avoit fait jeter un œil inquiet & ſoupçonneux ſur les efforts qu’il faiſoit pour améliorer ſa ſituation, les avoit pouſſé à interrompre par les manœuvres d’une cupidité active & injuſte des travaux dont ils redoutoient les conséquences. Ils changeront de conduite lorſqu’ils auront compris que l’ordre phyſique & moral eſt interverti par l’état actuel des choſes ; que l’oiſiveté d’une contrée nuit à toutes les autres, ou parce qu’elle les condamne à plus de labeurs, ou parce qu’elle les prive de quelques jouiſſances ; que l’induſtrie étrangère, loin de rétrécir la leur, l’élargira ; que plus les biens ſe multiplieront autour d’eux, plus il leur ſera facile d’étendre leurs commodités & leurs échanges ; que leurs moiſſons & leurs ateliers tomberont néceſſairement, ſi les débouchés & les retours doivent leur manquer ; que les états comme les particuliers ont viſiblement intérêt à vendre habituellement au plus haut prix poſſible, à acheter habituellement au meilleur prix poſſible, & que ce double avantage ne ſe peut trouver que dans la plus grande concurrence, dans la plus