Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/292

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d’une vie vagabonde ſe trouvèrent adoucies. À meſure que l’agriculture s’étendit, les hommes ſe multiplièrent avec les ſubſiſtances. Il ſe forma des peuples & de grands peuples. Quelques-uns dédaignèrent les ſources de leur proſpérité, & ils furent punis de ce fol orgueil par l’invaſion. Sur le débris de vaſtes monarchies engourdies par l’abandon des travaux utiles s’élevèrent de nouveaux états qui ayant contracté à leur tour l’habitude de ſe repoſer ſur leurs eſclaves du ſoin de leur nourriture, ne purent réſiſter à des nations pouſſées par l’indigence & la barbarie.

Tel fut le ſort de Rome. Enorgueillie des dépouilles de l’univers, elle mépriſa les occupations champêtres de ſes fondateurs, de ſes plus illuſtres citoyens. Des retraites délicieuſes couvrirent ſes campagnes. On ne vécut plus que des contributions étrangères. Le peuple corrompu par des largeſſes continuelles, abandonna le labourage. Toutes les places utiles ou honorables furent achetées par d’abondantes diſtributions de bled. La faim donna la loi dans les comices. Tous les ordres de la république ne furent plus gouvernés que par du pain & par des ſpectacles.