Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/341

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pour la culture ; parce qu’il nourrit des bêtes dans le terrein des hommes, au lieu de nourrir des hommes dans le terrein des bêtes. Il faut des bois dans un pays, pour la charpente & le chauffage : mais faut-il tant d’allées dans un parc ; & des parterres, des potagers ſi grands pour un château ? Ici, le luxe, qui, dans ſon étalage, alimente les arts, favoriſe-t-il autant la population des hommes, qu’il pourroit la ſeconder par un meilleur emploi des terres ? Trop de grandes terres, & trop peu de petites ; premier obſtacle à la population.

Second obſtacle, les domaines inaliénables du clergé. Lorſque tant de propriétés ſeront éternelles dans la même main, comment fleurira la population, qui ne peut naître que de l’amélioration des terres par la multiplication des propriétés ? Quel intérêt a le bénéficier de faire valoir un fonds qu’il ne doit tranſmettre à perſonne ; de ſemer ou de planter pour une poſtérité qui ne ſera pas la ſienne ? Loin de retrancher ſur ſes revenus pour augmenter ſa terre, ne riſquera-t-il pas de détériorer ſon bénéfice, pour augmenter des rentes qui ne ſont pour lui que viagères ?