Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/373

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la propriété. N’eſt pas maître du champ, qui ne l’eſt pas du fruit. Auſſi, chez tous les peuples, les tributs ne furent-ils établis dans leur origine ſur les propriétaires, que par eux-mêmes ; ſoit que les terres fuſſent réparties entre les conquérans ; ſoit que le clergé les eût partagées avec la nobleſſe ; ſoit qu’elles euſſent paſſé par le commerce & l’induſtrie entre les mains de la plupart des citoyens. Par-tout, ceux qui les poſſédoient avoient conſervé le droit naturel, inaliénable & ſacré, de n’être point taxés ſans leur contentement. Oſez ce principe, il n’y a plus de monarchie, il n’y a plus de nation ; il ne reſte qu’un deſpote & un troupeau d’eſclaves.

Peuples, chez qui les rois ordonnent aujourd’hui tout ce qu’ils veulent, reliſez votre hiſtoire ; vous verrez que vos aïeux s’aſſembloient, qu’ils délibéroient toutes les fois qu’il s’agiſſoit d’un ſubſide. Si l’uſage en eſt paſſé, le droit n’en eſt pas perdu. Il eſt écrit dans le ciel, qui a donné la terre à tout le genre-humain, pour la poſſéder. Il eſt écrit ſur ce champ que vous avez pris la peine d’enclore, pour vous en aſſurer la