Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/405

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Qu’arrive-t-il alors aux créanciers du gouvernement ? Ce qui eſt arrivé à ceux qui ont des rentes dans les Pays-Bas Autrichiens & auxquels il eſt dû plus de trente années d’arrérages. Avec l’Angleterre, avec la France, avec la Hollande, toutes trois un peu plus ou un peu moins à l’abri de l’invaſion, il n’y a à redouter que les cauſes d’épuiſement, dont l’effet eſt plus lent & par conséquent plus éloigné.

Mais ne ſeroit-ce pas à l’indigent d’emprunter & au riche de prêter ? Pourquoi donc les états qui ont le plus de reſſources ſont-ils les plus endettés ? C’eſt que la folie des nations eſt la même que celle des particuliers : c’eſt que plus ambitieuſes, elles ſe forment plus de beſoins : c’eſt que la confiance qu’elles ont dans leurs facultés, les aveugle ſur les dépenſes qu’elles peuvent faire : c’eſt qu’il n’y a point d’action contre elles, & qu’elles ſe ſont liquidées, lorſqu’elles ont le front de dire, je ne dois plus rien : c’eſt que les ſujets ne peuvent pas traduire en juſtice leur ſouverain : c’eſt qu’on n’a point vu & qu’on ne verra peut-être jamais une puiſſance prendre les armes en