Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/439

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des malheurs, ce que je ne crois, ni ne redoute, tant pis pour l’auteur de mon infortune. Pour un inſtant de ma durée dont il auroit diſposé avec injuſtice & avec violence, il reſteroit déteſté pendant ſa vie. Son nom paſſeroit aux ſiècles à venir couvert d’ignominie ; & cette ſentence cruelle ſeroit indépendante du peu de valeur, du peu de mérite de mes productions.

XIII. Philoſophie.

Au char des lettres & des arts, eſt attachée la philoſophie qui devroit, ce ſemble, en tenir le timon : mais qui, n’arrivant qu’après eux, ne doit marcher qu’à leur ſuite. Les arts naiſſent des beſoins même de la ſociété, dans l’enfance de l’eſprit humain. Les lettres ſont les fleurs de ſa jeuneſſe. Filles de l’imagination qui aime la parure, elles ornent tout ce qu’elles touchent ; & ce goût d’embelliſſement crée ce qu’on appelle proprement les beaux-arts ou les arts de luxe & de décoration qui poliſſent les premiers arts, enfans du beſoin. C’eſt alors qu’on voit les génies ailés de la ſculpture voler ſur les portiques de l’architecture ; les génies de la peinture entrer dans les palais, y deſſiner l’Olympe ſur un plafond, y retracer ſur la