Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/441

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l’homme n’a pas beſoin de la ſcience, mais des mœurs pour être heureux. Platon, ſon diſciple, quoique phyſicien, quoique inſtruit des myſtères de la nature par ſes voyages en Égypte, donna tout à l’âme & preſque rien à la nature : noya la philoſophie dans la théologie, & la connoiſſance de l’univers dans les idées de la divinité. Ariſtote, diſciple de Platon, parla moins de Dieu que de l’homme & des animaux. Son hiſtoire naturelle eſt venue à la poſtérité : mais elle fut médiocrement eſtimée de ſes contemporains. Épicure, qui vivoit à-peu-près dans le même tems, reſſuſcita les atomes de Démocrite, qui, ſans doute, balancèrent les quatre élémens d’Ariſtote ; & dans cet équilibre de ſyſtêmes, la phyſique ne put avancer d’un pas. Les moraliſtes entraînèrent le peuple qui les entend mieux qu’il ne comprend les phyſiciens. Ils formèrent des écoles : car auſſi-tôt que des opinions font du bruit, elles font des partis.

Dans ces circonſtances, la Grèce agitée au-dedans d’elle-même, après s’être déchirée par une guerre inteſtine, fut ſubjuguée par la Macédoine, & diſſoute par les