Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/457

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ne peut être l’effet d’une cauſe particulière. Elle a été la même dans les tems paſſés, elle ſera la même dans les ſiècles à venir ; elle ne peut avoir donc pour baſe les opinions religieuſes, qui, depuis l’origine du monde & d’un pôle à l’autre, ont toujours varié. Les Grecs ont eu des dieux méchans ; les Romains ont eu des dieux méchans ; l’adorateur ſtupide du fétiche adore plutôt un diable qu’un dieu. Chaque peuple ſe fit des dieux, & les fit comme il lui plut ; les uns bons, & les autres cruels ; les uns débauchés, & les autres de mœurs auſtères. On dit où que chaque peuple a voulu déifier ſes paſſions & ſes opinions. Malgré cette diverſité de ſyſtêmes religieux & de cultes, toutes les nations ont ſenti qu’il falloit être juſte. Toutes les nations ont honoré comme des vertus, la bonté, la commisération, l’amitié, la fidélité, la ſincérité, la reconnoiſſance, l’amour de la patrie, la tendreſſe paternelle, le reſpect filial, tous les ſentimens, enfin, qu’on peut regarder comme autant de liens propres à unir plus étroitement les hommes. L’origine de cette unanimité de jugement ſi conſtante & ſi gé-