Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/466

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Il en eſt de même pour les terres & pour les biens. Ce qui eſt larcin dans un état où la propriété ſe trouve juſtement répartie, devient uſufruit dans un état où les biens ſont en commun. Ainſi le vol & l’adultère n’étoient pas permis à Sparte ; mais le droit public y permettoit ce qu’on regarde ailleurs comme vol & comme adultère. Ce n’étoit pas la femme & le bien d’autrui qu’on prenoit alors : mais la femme & le bien de tous, quand les loix accordoient pour récompenſe à l’adreſſe ce qu’elle pouvoit ſe procurer.

Par-tout on connoît le juſte & l’injuſte : mais on n’a pas attaché univerſellement ces idées aux mêmes actions. Dans les pays chauds où le climat ne demande point de vêtemens, les nudités n’offenſent point la pudeur : mais l’abus, quel qu’il ſoit, du commerce des ſexes, les attentats précoces ſur la virginité ſont des crimes qui doivent révolter. Dans l’Inde où tout fait une vertu de l’acte même de la génération, c’eſt une cruauté d’égorger la vache qui nourrit l’homme de ſon lait, de détruire les animaux dont la vie n’eſt point nuiſible ni la mort utile à l’eſpèce humaine. L’Iroquois ou le Huron qui