Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/467

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tuent leur père d’un coup de maſſue, plutôt que de l’expoſer à mourir de faim, ou ſur le bûcher de l’ennemi, étoient faire un acte de pitié filiale, en obéiſſant aux dernières volontés de ce père qui leur demande la mort comme une grâce. Les moyens les plus opposés en apparence tendent tous également au même but, au maintien, à la proſpérité du corps politique.

Voilà cette morale univerſelle qui tenant à la nature de l’homme, tient à la nature des ſociétés : cette morale qui peut bien varier dans ſes applications, mais jamais dans ſon eſſence : cette morale enfin à laquelle toutes les loix doivent ſe rapporter, ſe ſubordonner. D’après cette règle commune de toutes nos actions publiques & privées, voyons s’il y a jamais eu, s’il peut y avoir de bonnes mœurs en Europe.

Nous vivons ſous trois codes, le code naturel, le code civil, le code religieux. Il eſt évident que tant que ces trois ſortes de légiſlations ſeront contradictoires entre elles, il eſt impoſſible qu’on ſoit vertueux. Il faudra tantôt fouler aux pieds la nature, pour obéir aux inſtitutions ſociales, & les inſtitutions