Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/484

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

induſtrieux & propriétaire d’un ſol fertile, s’aviſoit un jour de dire à l’autre peuple : Il y a trop long-tems que je fais un mauvais trafic avec vous, & je ne veux plus donner la choſe pour le ſigne : cette loi ſomptuaire ne ſerait-elle pas une ſentence de mort contre la région qui n’a que des richeſſes de convention ; à moins que, dans ſon déſeſpoir, celle-ci ne fermât ſes mines pour ouvrir des ſillons ?

Les autres puiſſances de l’Europe pourroient bien n’avoir pas retiré plus d’avantage des tréſors de l’Amérique. Si la répartition en a été égale ou proportionnée entre elles, aucune n’a diminué d’aiſance, aucune n’a augmenté de force. Les rapports qui exiſtoient dans les tems anciens, exiſtent encore. Suppoſons que quelque nation ſoit parvenue à acquérir une plus grande quantité de ces métaux que les nations rivales : ou elle les enfouira, ou elle les jettera dans la circulation. Dans le premier cas, ce n’eſt que la propriété ſtérile d’une maſſe d’or ſuperflue. Le ſecond ne lui donnera qu’une ſupériorité momentanée, parce qu’avec le tems, & bientôt, toutes les choſes vénales