Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/88

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L’autorité royale n’eſt pas ſeulement à vie, elle eſt encore héréditaire. Rien, au premier coup-d’œil, n’eſt ſi avantageux pour une nation que le droit d’élire ſes maîtres. On croit voir dans cette brillante prérogative, un germe inépuiſable de talens & de vertus. Il en ſeroit, en effet, ainſi, ſi la couronne devoit tomber ſur le citoyen le plus digne de la porter : mais c’eſt une chimère démentie par les expériences de tous les peuples & de tous les âges. Un trône a toujours paru à l’ambition d’un trop grand prix, pour être l’apanage du ſeul mérite. Ceux qui y aſpiroient ont eu conſtamment recours à l’intrigue, à la corruption, à la force. Leur rivalité a allumé à chaque vacance, une guerre civile, le plus grand des fléaux politiques ; & celui qui a obtenu la préférence ſur ſes concurrens, n’a été, durant le cours de ſon règne, que le tyran des peuples ou l’eſclave de ceux auxquels il devoit ſon élévation. On doit donc louer les Bretons d’avoir écarté loin d’eux ces calamités, en fixant les rênes du gouvernement dans une famille qui avoit mérité ou obtenu leur confiance.

Il convenoit d’aſſurer au chef de l’état un