Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/107

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rouverte, dans le tems de leur décadence, ſi ce malheureux pays n’avoit été perpétuellement le théâtre des diviſions des Arabes, des Perſans & des Turcs. Ces derniers, devenus poſſeſſeurs paiſibles de Baſſora, ont profité des malheurs de leurs voiſins, pour y rappeler les affaires. La rade a recouvré ſon éclat & ſon importance.

Ce changement ne s’eſt pas opéré ſans difficulté. Les gens du pays ne vouloient d’abord recevoir les navigateurs que dans la rivière. Ils prévoyoient que ſi ces étrangers avoient la liberté de ſe fixer dans la ville, on ne pourroit leur faire la loi, & qu’ils garderoient dans leurs magaſins ce qu’ils n’auroient pas vendu pendant une mouſſon, pour s’en défaire plus utilement dans un autre tems. À cette raiſon d’une avidité mal-entendue, ſe joignoient des idées de ſuperſtition. On prétendit qu’il étoit contraire au reſpect dû à la religion, que des infidèles habitaient dans une cité conſacrée par le ſang de tant de martyrs, par les cendres de tant de ſaints perſonnages mahométans. Ce préjugé paroiſſoit faire impreſſion ſur le gouvernement. On fit taire ſes ſcrupules. Les