Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/127

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bâti ſur leurs débris, avant que quelques ſiècles ſe ſoient écoulés. Mais, ſi mes écrits ont quelque durée, le nom d’Anjinga reſtera dans la mémoire des hommes. Ceux qui me liront, ceux que les vents pouſſeront vers ces rivages, diront : c’eſt-là que naquit Eliza Draper ; & s’il eſt un Breton parmi eux, il ſe hâtera d’ajouter avec orgueil, & qu’elle y naquit de parens Anglois.

Qu’il me ſoit permis d’épancher ici ma douleur & mes larmes ! Eliza fut mon amie. O lecteur, qui que tu ſois, pardonne-moi ce mouvement involontaire. Laiſſe-moi m’occuper d’Eliza. Si je t’ai quelquefois attendri ſur les malheurs de l’eſpèce humaine, daigne aujourd’hui compatir à ma propre infortune. Je fus ton ami, ſans te connoître ; ſois un moment le mien. Ta douce pitié ſera ma récompenſe.

Eliza finit ſa carrière dans la patrie de ſes pères, à l’âge de trente-trois ans. Une âme céleſte ſe sépara d’un corps céleſte. Vous qui viſitez le lieu où repoſent ſes cendres ſacrées, écrivez ſur le marbre qui les couvre : telle année, tel mois, tel jour, à telle heure, Dieu retira ſon ſouffle à lui, & Eliza mourut,