S’il étoit prouvé, par des calculs exacts, que la nature ſuit la même marche dans tous les pays chauds, cette connoiſſance donneroit la raiſon des mœurs publiques & des uſages domeſtiques des peuples qui les habitent.
À l’exception du pêcher, aucun des arbres fruitiers, portés de nos contrées à Sainte-Hélène, n’a proſpéré. La vigne n’a pas eu une deſtinée plus heureuſe. Les légumes ont été conſtamment la proie des inſectes. Peu de grains échappent aux ſouris. Il a fallu ſe borner à l’éducation des bêtes à corne ; & ce n’eſt même qu’après en avoir vu périr un grand nombre, qu’on eſt parvenu à les multiplier.
Le climat dévoroit les diverſes eſpèces de gramen que ſemoit le cultivateur. On imagina de planter des arbuſtes, qui ne craignoient ni la chaleur, ni la séchereſſe ; & bientôt naquit, à leur ombre, un gazon frais & ſain. Cette herbe, cependant, n’a jamais pu nourrir à la fois plus de trois mille bœufs, nombre inſuffiſant pour les beſoins de l’habitant & des navigateurs. Pour obtenir ce qui manque, il ſuffiroit peut-être de recourir aux prairies artificielles, que des voyageurs intelligens trouvent praticables dans l’état actuel