Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/467

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C’eſt ce qui arriva à la mort d’Aurengzeb. Sa magnifique dépouille fut enſanglantée. Dans ces convulſions du corps politique, les reſſorts qui contenoient une milice de douze cens mille hommes, ſe relâchèrent. Chaque nabab ne ſongea plus qu’à ſe rendre indépendant, à étendre les contributions qu’on levoit ſur le peuple, & à diminuer les tributs qu’on envoyoit au tréſor de l’empereur. Rien ne fut plus réglé par la loi, & tout fut conduit par le caprice ou troublé par la violence.

L’éducation des jeunes princes ne promettoit aucun remède à tant de maux. Abandonnés aux femmes juſqu’à l’âge de ſept ans, imbus pendant leur adoleſcence de quelques préceptes religieux, ils alloient enſuite conſommer dans la molle oiſiveté d’un sérail, ces années de jeuneſſe & d’activité qui doivent former l’homme & l’inſtruire dans la ſcience de la vie. On les amolliſſoit, pour n’avoir pas à les craindre. Les conſpirations des enfans contre leurs pères étoient fréquentes. Une politique ſoupçonneuſe affoibliſſoit le caractère de ces jeunes gens, afin qu’ils ne fuſſent pas capables d’un crime. Delà cette pensée atroce d’un poète Oriental,