Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/503

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ſuivie d’autres erreurs funeſtes, où l’on tomba peut-être pour n’avoir pas aſſez réfléchi ſur les révolutions arrivées depuis peu dans l’Inde. On eſpéra que les ventes de la compagnie s’éleveroient à 25 000 000 liv. & elles reſtèrent au-deſſous de 18 000 000 liv. On eſpéra que les marchandiſes d’Europe ſeroient vendues cinquante pour cent de plus qu’elles n’avoient coûté, & à peine rendirent-elles leur prix originaire. On eſpéra un bénéfice de cent pour cent ſur les productions qu’on rapportoit dans nos climats, & il ne fut pas de ſoixante-douze.

Tous ces mécomptes avoient leur ſource dans la ruine de la conſidération françoiſe dans l’Inde, & dans le pouvoir exorbitant de la nation conquérante, qui venoit d’aſſervir ces régions éloignées : dans la néceſſité où l’on étoit réduit de recevoir ſouvent à crédit de mauvaiſes marchandiſes des négocians Anglois, qui cherchoient à faire paſſer en Europe les fortunes immenſes qu’ils avoient faites en Aſie : dans l’impoſſibilité de ſe procurer les fonds néceſſaires au commerce, ſans en donner un intérêt exorbitant : dans l’obligation d’approviſionner les iſles de