Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/553

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ſoient plus rapprochée de notre continent, ne voient pas qu’alors il ſeroit impoſſible de ſe porter avec célérité de ſes rades aux golfes de ces contrées les plus éloignés : avantage ineſtimable pour une nation qui n’a aucun port dans l’Inde.

La Grande-Bretagne voit d’un œil chagrin ſous la loi de ſes rivaux une iſle où l’on peut préparer la ruine de ſes propriétés d’Aſie. Dès les premières hoſtilités entre les deux nations, elle dirigera sûrement ſes efforts contre une colonie qui menace la ſource de ſes plus riches tréſors. Quelle honte, quel malheur pour la France, ſi elle s’en laiſſoit dépouiller !

Cependant, que ne faut-il pas craindre, quand on voit que juſqu’à ce jour il n’a pas été pourvu à la défenſe de cette iſle ; que les moyens ont toujours manqué, ou qu’ils ont été mal employés ; que d’année en année, la cour de Verſailles a attendu, pour prendre un parti, les dépêches des adminiſtrateurs, comme on attend le retour d’un courrier de la frontière ; qu’à l’époque même où nous écrivons, les eſprits ſont partagés peut-être ſur le genre de protection qu’il convient