Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/105

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Ô Frédéric, Frédéric ! tu reçus de la nature une imagination vive & hardie, une curioſité ſans bornes, du goût pour le travail, des forces pour le ſupporter. L’étude du gouvernement, de la politique, de la légiſlation, occupa la jeuneſſe. L’humanité par-tout enchaînée, par-tout abattue, eſſuya ſes larmes à la vue de tes premiers travaux, & ſembla ſe conſoler de ſes malheurs, dans l’eſpérance de trouver en toi ſon vengeur. Elle augura & bénit d’avance tes ſuccès. L’Europe te donna le nom de roi philoſophe.

Lorſque tu parus ſur le théâtre de la guerre, la célérité de tes marches, l’art de tes campemens, l’ordre de tes batailles étonnèrent toutes les nations. On ne ceſſoit d’exalter cette diſcipline inviolable de tes troupes, qui leur aſſuroit la victoire ; cette ſubordination méchanique qui ne fait de pluſieurs armées qu’un corps, dont tous les mouvemens dirigés par une impulſion unique, frappent à la fois au même but. Les philoſophes même, prévenus par l’eſpoir dont tu les avois remplis, enorgueillis de voir un ami des arts & des hommes parmi les rois, applaudiſſoient peut-