Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/119

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Les Chinois s’offroient naturellement pour donner aux arts & à la culture l’activité, que l’indolence des Indiens & la fierté des Eſpagnols leur refuſoient. Les navigateurs de cette nation célèbre alloient, de tems immémorial, chercher aux Manilles les productions naturelles à ces iſles. Ils continuèrent à les fréquenter après qu’elles eurent ſubi un joug étranger. Leur nombre s’accrut encore, lorſque les richeſſes du Mexique & du Pérou, qui y circuloient, donnèrent lieu à des ſpéculations plus vaſtes. Sur leurs navires, arrivèrent bientôt un grand nombre d’ouvriers, un plus grand de cultivateurs, trop multipliés dans cet empire floriſſant. Ces hommes laborieux, économes & intelligens, vouloient défricher les campagnes, établir des manufactures, créer tous les genres d’induſtrie, pourvu qu’on leur donnât la propriété de quelques parties d’un immenſe terrein qui n’avoit point de maître, pourvu que les tributs qu’on exigeroit d’eux fuſſent modérés. C’étoit un moyen infaillible d’établir à l’extrémité de l’Aſie, ſans perte d’hommes, ſans Sacrifice d’argent, une colonie floriſſante. Le malheur des Philippines a