Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/132

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les reſtituer à leurs légitimes maîtres. Depuis l’invaſion des Anglois & les ravages qui en furent la ſuite, les bêtes à cornes ſont moins communes : mais elles ſont toujours très-multipliées.

Avant 1744, les Philippines ne voyoient croître dans leur ſein fécond aucun de nos légumes. À cette époque, Mahé de Villebague y en porta des graines. Toutes ces plantes utiles avoient proſpéré, lorſqu’après huit mois le cultivateur, que les intérêts de ſon commerce appelloient ailleurs, légua ſon jardin à un autre François fixé dans ces iſles. Les Eſpagnols, qui n’avoient pu voir ſans jalouſie qu’un étranger leur montrât la route où ils auroient dû entrer depuis deux ſiècles, s’élevèrent avec tant de violence contre l’héritier de ſes ſoins, que, pour rétablir le calme, le miniſtère public ſe crut obligé de faire arracher ces racines ſalutaires. Heureuſement les Chinois, occupés ſans relâche de ce qui peut contribuer à leur fortune, les avoient conſervées à l’écart. Peu-à-peu on s’eſt familiarisé avec une innovation ſi avantageuſe ; & c’eſt aujourd’hui une des meilleures reſſources de la colonie.