Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/141

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ſecours des habitans du continent, de belles & nombreuſes manufactures. En attendant le ſuccès toujours lent des nouvelles entrepriſes, même le mieux combinées, l’Eſpagnol acheteroit dans les marches étrangers les ſoieries, les toiles, les autres productions de l’Aſie convenables pour ſa patrie, & il les obtiendroit à meilleur marché que ſes concurrens. C’eſt avec l’argent tiré d’Amérique que tous les peuples de l’Europe négocient aux Indes. Avant que ce précieux métal ſoit arrivé à ſa deſtination, il a dû payer des droits conſidérables, faire des détours prodigieux, courir de grands riſques. En l’envoyant directement du Nouveau-Monde aux Philippines, les Eſpagnols gagneront ſur l’impoſition, ſur le tems, ſur les aſſurances ; de ſorte qu’en donnant, en apparence, la même ſomme que les nations rivales, ils paieront réellement moins cher qu’elles.

Si le plan, tout ſimple, qu’on s’eſt permis de tracer s’exécutoit jamais, les Eſpagnols fixés en Aſie ſortiroient néceſſairement & pour toujours de l’indolente diſolution où ils croupiſſent depuis deux ſiècles. Les peuples aſſujettis béniroient un gouvernement