Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/144

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dont leur indolence même & la cupidité de leur gouvernement, les ont heureuſement ſauvés. Cette nation doit aimer le bien ; elle le peut connoître, elle le feroit, ſans doute, elle en a tous les moyens dans les poſſeſſions que ſes conquêtes lui ont données ſur les plus riches pays de la terre. Ses vaiſſeaux, deſtinés à porter la félicité dans les contrées les plus reculées de l’Aſie, partiroient de ſes différens ports & ſe réuniroient aux Canaries, ou continueroient séparément leur chemin, ſuivant les circonſtances. Ils pourroient revenir de l’Inde par le cap de Bonne-Eſpérance, mais ils s’y rendroient par la mer du Sud, où la vente de leur cargaiſon augmenteroit de beaucoup leurs capitaux. Cet avantage leur aſſureroit la ſupériorité ſur leurs concurrens, qui en général naviguent à faux fret & ne portent guère que de l’argent. La rivière de la Plata leur fourniroit des rafraîchiſſemens, s’il en étoit beſoin. Ceux qui pourroient attendre ne relâcheroient qu’au Chily ou même ſeulement à Juan Fernandez.

Cette iſle délicieuſe, qui doit ſon nom a un Eſpagnol auquel on l’avoit cédée, & qui