Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/145

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s’en dégoûta après y avoir fait un aſſez long séjour, ſe trouve à cent dix lieues de la terre ferme du Chily. Sa plus grande longueur n’eſt que d’environ cinq lieues, & elle n’a pas tout-à-fait deux lieues de largeur. Dans un eſpace ſi borné & un terrein très-inégal, on trouve un beau ciel, un air pur, des eaux excellentes, tous les végétaux ſpécifiques contre le ſcorbut. L’expérience a prouvé que les grains, les fruits, les légumes, les quadrupèdes de l’Europe & de l’Amérique y réuſſiſſoient admirablement. Les côtes ſont fort poiſſonneuſes. Tant d’avantages ſont couronnés par un bon port. Les vaiſſeaux y ſont à l’abri de tous les vents, excepté de celui du Nord ; mais il n’eſt jamais aſſez violent, pour leur faire courir le moindre danger.

Ces commodités ont invité tous les corfaires, qui vouloient infeſter les côtes du Pérou, par leurs pirateries, à relâcher à Juan Fernandez. Anfon, qui portoit dans la mer du Sud des projets plus vaſtes, y trouva un aſyle également commode & sûr. Les Eſpagnols convaincus enfin, que leur attention à détruire les beſtiaux qu’ils y avoient jettés,