Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/159

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métaux. Si les Ruſſes, qui n’en donnent jamais, ſont réduits quelquefois à recevoir de l’or, ils ſont obligés de le livrer à la couronne à des conditions qui la dédommagent des droits qu’elle auroit perçus ſur les marchandiſes.

La plus conſidérable de celles que les Chinois apportent dans cet entrepôt, c’eſt le thé verd. Il eſt infiniment ſupérieur à celui que l’Europe reçoit à travers des mers immenſes. Auſſi les Ruſſes ſont-ils forcés de le payer juſqu’à vingt francs la livre, quoiqu’ils le revendent rarement plus de quinze ou ſeize. Pour ſe dédommager de cette perte, ils ne manquent jamais de hauſſer le prix de leurs pelleteries : mais cette ruſe eſt moins à leur avantage qu’au profit du gouvernement qui perçoit une impoſition de vingt-cinq pour cent, ſur tout ce qui ſe vend, ſur tout ce qui s’achète. La douane de Kiatcha produit quelquefois à l’état juſqu’à deux millions de livres. Alors, le commerce de la Ruſſie avec la Chine doit s’élever à ſix millions. Il n’étoit pas ſi conſidérable, lorſque Pierre I eſſaya d’établir, par la Tartarie indépendante, une communication entre la Sibérie & l’Inde. Ce grand prince, toujours occupé