Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v3.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la Ruſſie à vouloir de grands vaiſſeaux : & ce fut à Cronſtadt, qui ſert de port à Péterſbourg, qu’il plaça ſes flottes.

La mer n’eſt pas allez large devant le baſſin du port. Les bâtimens qui veulent y entrer, ſont violemment pouſſés par l’impétuoſité de la Neva, ſur les côtes dangereuſes de la Finlande. On y arrive par un canal ſi rempli d’écueils, qu’il faut un tems fait exprès pour les éviter. Les navires s’y pourriſſent vite. L’expédition des eſcadres eſt retardée plus long-tems qu’ailleurs par les glaces. On ne peut ſortir que par un vent d’Eſt, & les vents d’Oueſt règnent la plus grande partie de l’été dans ces parages. Un dernier inconvénient, c’eſt qu’on ait été réduit à placer les chantiers à Péterſbourg, d’où les vaiſſeaux n’arrivent à Cronſtadt, qu’après avoir paſſé, avec de grands dangers un bas-fond qui ſe trouve au milieu du fleuve.

Si Pierre I n’avait eu cette prédilection aveugle que les grands hommes ont, comme les hommes ordinaires, pour les lieux qu’ils ont créés, on lui eût fait aisément comprendre que Cronſtadt & Péterſbourg n’avoient pas été formés pour être l’entrepôt